DANS LA TÊTE D’UN VISITEUR DE BASCULE ARGOAT

Les articles qui racontent notre Histoire

Prendre conscience de la crise écologique. Traverser une crise existentielle. Chercher des modes de vie plus respectueux de l’ensemble du monde vivant que celui proposé par la société industrielle. Identifier des îlots alternatifs. Vagabonder entre différents collectifs et communautés autogérées. Entendre parler de la Bascule Argoat. Faire des recherches sur internet. Regarder une vidéo et être séduit par la vision du projet selon laquelle « la meilleure résilience, c’est l’entraide » en fortifiant un réseau d’approvisionnement au niveau local. Appeler pour demander à y séjourner une semaine. Formuler une intention : « continuer ma quête d’inspiration et d’apprentissage».



Rouler jusqu’à Plouray. Toquer à la porte de l’ancien couvent. Me sentir en confiance à travers les premiers regards et paroles échangées avec les résident.e.s. Tenter de retenir les prénoms de chacun.e. Découvrir les lieux. Poser des questions. Lire les schémas, les emplois du temps et les cartes heuristiques relatives à l’organisation placardés aux murs.Vouloir tout comprendre. Participer « en bocal » (en observateur) au« temps commun » (réunion collective) hebdomadaire et être inspiré par sa fluidité et sa facilitation. Savourer la convivialité d’une grande tablée et d’un repas pris en extérieur dans la douceur d’une soirée d’été. Animer une séance de yoga matinal dans la tranquillité du « cercle de pierres ». Participer à des travaux dans le jardin. Partir à la découverte d’une chapelle et d’un ruisseau avec d’autres visiteurs. Passer l’après-midi à discuter les pieds dans l’eau de nos explorations. Se demander parfois ce que l’on cherche en faisant ces pas de côté. Se rappeler de ce que l’on y trouve et de ce qui les a motivé. Préparer un repas à quatre mains. Me surprendre de découvrir le bas coût de fonctionnement du collectif en terme de nourriture. Expérimenter la difficulté de se tenir à un régime alimentaire particulier en vivant en collectif. Aller donner un coup de main sur l’exploitation d’un couple de maraîchères. Discuter en désherbant. Apprendre d’une universitaire que les « écolieux fermés sur leur propre résilience n’ont pas d’impact sur les territoires » et me sentir conforté dans mes intuitions. Glaner des récits de vie. Exposer son parcours. Partager ses découvertes et ses expériences. Découvrir les vertus cicatrisantes de la consoude. Se nourrir de la chaleur humaine. Tenter d’observer ses besoins. Chercher l’équilibre entre l’individuel et le collectif. Me demander comment être utile. Prendre des temps solitaires. Couper du bois. Arracher des plantes invasives. Écrire. Marcher. Méditer. Ressentir la frustration d’être moins expressif que les autres. Avoir l’impression d’avoir moins de chose à partager. Ne pas vouloir forcer les choses. Lutter contre la peur d’être jugé malgré la douceur et la bienveillance ambiante. Douter de ma capacité à vivre apaisé en collectif. Accueillir les compliments. Ressentir le bien être procuré par le simple fait d’échanger quelques mots et de m’extraire de ma carapace. Être inspiré par la densité du réseau local d’entraide et des liens qu’entretient le collectif avec les sphères militantes et institutionnelles. S’initier au palais breton. Observer la lune au télescope avec une grande mère érudite et philosopher. Me délecter des BD de la bibliothèque collective. Me sentir rassuré et inspiré par le refus de parvenir ambiant en rencontrant de nouvelles personnes qui ne se définissent pas par une identité professionnelle. Entendre que le RSA peut-être envisagé comme un revenu universel et un outil de résilience pour essayer de s’investir dans la vie citoyenne, apprendre à faire un maximum de chose par soi même et les partager. Me demander si ça ne me rassurerait tout de même pas d’avoir un domaine de spécialisation et si je ne m’auto-inflige pas une forme de pression sociale.

La bâtisse au bord de l’étang

M’interroger sur mon envie de sauter le pas lorsque j’entends que la Bascule cherche de nouveaux habitants. Observer mes attaches affectives et géographiques à d’autres territoires. Sentir que mon ego a peur de s’ouvrir totalement à quelque chose de nouveau. Accepter ces moments de doute. Être sous le charme de la dynamique et de l’émulation collective en terme de projets, de stimulation intellectuelle et de cheminement intérieur. Ressentir de la gratitude pour ces espaces de reliance.

Merci à Paul qui nous a offert ce texte comme participation consciente à l’issue de son séjour du mois de juin chez nous.

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