Tiers-lieu

🌿 𝗟𝗲 𝗝𝗮𝗿𝗱𝗶𝗻 𝗲𝘁 𝗹𝗲 𝗟𝗮𝗰 🐦

Une première vidéo qui dresse le portrait, une « 𝗯𝗶𝗼-𝘀𝗰𝗲̀𝗻𝗲 », de Bascule Argoat au printemps, se focalisant sur notre jardin, et «Ar stang du» que nous appelons plus simplement « le Lac » juste en face.

𝗦’𝗲́𝗺𝗲𝗿𝘃𝗲𝗶𝗹𝗹𝗲𝗿 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗻𝗮𝘁𝘂𝗿𝗲 et se (re)connecter avec elle permet de mieux la comprendre et la respecter. « On aime ce qui nous a émerveillé, et on protège ce que l’on aime » disait Cousteau. Ce confinement et la réduction des activités humaines qui en résulte laisse plus de place à la vie sauvage. Souvent invisible, elle est pourtant essentielle dans le 𝗳𝗿𝗮𝗴𝗶𝗹𝗲 𝗲́𝗾𝘂𝗶𝗹𝗶𝗯𝗿𝗲 𝗲́𝗰𝗼𝗹𝗼𝗴𝗶𝗾𝘂𝗲 𝗱𝗲 𝗻𝗼𝘀 𝘁𝗲𝗿𝗿𝗶𝘁𝗼𝗶𝗿𝗲𝘀. À défaut de remarquer des changements profonds dans les habitudes de la faune qui nous entoure ici à Plouray, la limitation du passage des voitures nous permet de profiter pleinement du chant des oiseaux et du craquement des arbres! 𝗗𝗲́𝗳𝗲𝗻𝗱𝗿𝗲 𝗹𝗮 𝗯𝗶𝗼𝗱𝗶𝘃𝗲𝗿𝘀𝗶𝘁𝗲́ fait partie de nos grands défis du XXIème siècle quand l’Homo sapiens prend trop de place sur notre petite Planète Bleue. 🌏🌍🌎

La belle Bretagne !

Je parcours l’Argoat depuis maintenant plusieurs mois.
En explorant ses paysages, je découvre un nouveau monde, celui de la campagne. J’y rencontre la biodiversité ordinaire, celle de nos haies, de nos champs et de nos forêts car d’habitude tourné vers la mer, j’apprends depuis que je vis ici à contempler la terre.
En parcourant les côtes bretonnes je me suis déjà fait cette réflexion : partout ou je regarde y compris l’horizon, je vois la trace de l’homme : bateaux, balises, phares, bouées, chemins, constructions…Et j’ai bizarrement cette même sensation ici en forêt : on est jamais bien loin d’une route, d’un champ, d’un chemin. L’image de la carte postale Bretonne évoque souvent des paysages sauvages, préservées, conservés, contrôlé ? Mais quelle y est réellement la place de la nature ?

De ce concept de nature, Alessandro Pignocchi, ancien chercheur en sciences cognitives et philosophie, en parle mieux que moi :

« Dans la culture occidentale, cela va de soi que quelque chose appelé « nature » existe, même les défenseurs de la nature chez nous proposent par exemple de créer des parcs nationaux pour la protéger mais c’est déjà la considérer comme un objet et lui attribuer des fonctions. En Amazonie, dire que les hommes sont proches de la nature est un abus de langage car ils n’ont pas d’idée de nature, il n’y a aucun mot dans aucune langue amazonienne qui sera une traduction du concept de nature, les plantes et les animaux sont considérés comme des partenaires sociaux. »

Aujourd’hui, surtout en Occident, nous avons pris le contrôle presque total de nos territoires. Il y a très peu de place laissée à l’inconnu, comme si nous avions peur de lui. C’est aussi dans un souci de rentabilité et de rendement des espaces que nous prenons la liberté de prendre possession des terres. Il faut bien habiter quelque part, il faut bien se nourrir. Mais nous posons-nous les bonnes questions avant d’intervenir avec la main aussi lourde ? Notre modèle de vie est-il le plus juste ? Notre modèle d’habitat ? Notre modèle alimentaire ? Sommes-nous prêts à sacrifier la biodiversité qui nous entoure pour notre confort ?

Fut un temps l’Argoat était cette grande forêt, presque infranchissable qui séparait la côte nord de la côte sud, comme le décrit l’historien Anatole Le Braz dans Magies de la Bretagne :

« C’est au flanc de cette région montagneuse, justement dénommée l’Argoat, le « pays des bois », que moutonnent, accrochés, les lambeaux épars de l’ancienne forêt centrale, (…). Dans la seconde moitié du Vème siècle, elle y était encore assez compacte pour mériter l’appellation de Douna, la « Profonde » (…). Déployée de l’est à l’ouest, des marais de Redon aux crêtes du Menez Hom, elle formait entre les rivages de la Manche et ceux de l’Océan une sorte de barrière sylvestre, épaisse, touffue, inextricable,(…). Mais quelles vertus bienfaisante ou fatales n’attribuait-on pas à la forêt enchantée ! Le souvenir en demeure encore attaché aux restes disséminés qui subsistent d’elle un peu partout, (…). »

Le bois de l’Abbaye autour de Bascule Argoat fait partie des petits reliquats de cette étendue sylvestre.
Je rêve de voir cette forêt reprendre ses droits. Je rêve d’une Bretagne plus sauvage.